Dans ce village du Solesmois de 500 âmes, il n’y a plus ni café, ni magasin. Et quand bien même il y en aurait, ils seraient fermés en cette période de confinement. Alors est né le Village café…

Bruno Demeulenaere | 30/03/2020

Pascale et Didier Ramon, à l’initiative de ce projet Village café, au téléphone à l’occasion d’un de ces rendez-vous quotidiens.

« Nous vivons une période historique, une période difficile, une période anxiogène », ont simplement analysé Pascale et Didier Ramon, habitants de Saint-Martin-sur-Écaillon. Dans le cadre de Solutions lettres communication, son entreprise spécialisée en stratégie de développement d’entreprises, ce couple dispose d’une ligne spécifique permettant les conférences téléphoniques : elle lui permet « d’avoir des discussions avec divers clients, au même moment, d’un peu partout en France et à l’étranger ». Et en cette période de confinement, l’idée est venue aux entrepreneurs d’en faire profiter la population…

L’objectif ? «  Permettre aux villageois, parmi lesquels une proportion de personnes avançant en âge assez certaine, de se retrouver, un peu comme ils le feraient au café du coin… qui n’existe plus à Saint-Martin  », présente Didier Ramon. « C’est notre petite contribution en cette période difficile, poursuit Pascale Ramon. On recrée un peu de lien en permettant à chacun de discuter ».

Rendez-vous est donné au « Village café », chaque jour en fin d’après-midi, de 18 h à 19 h. Le système est « le plus simple et surtout accessible à tous » : pas besoin de smartphone ou de connexion informatique compliqué, mais juste un numéro de téléphone à composer, sans surcoût.

Un café virtuel

Même sans grande publicité, du monde s’est présenté au « café virtuel » de Saint-Martin, dès le premier soir (c’était mercredi) « pour discuter, prendre des nouvelles, refaire le monde… ». On parle évidemment de tout, et surtout du coronavirus. M. Ramon a partagé ses connaissances de la Chine où la pandémie a débuté, et même de cette région de Wuhan où il a commercé. Dans la suite de la discussion, des idées sont nées, comme celle de créer une « boîte à livres », où chacun pourrait se servir, sous l’aubette située face à la mairie.

Le maire Michel Dhaneus est ravi de cette initiative « qui aura permis aux habitants, malgré tout préoccupés, de discuter, de se libérer de leurs inquiétudes ». L’élu l’est d’autant plus que cette démarche fait figure de « prémices de ce que nous voulons créer à Saint-Martin ». L’idée a été évoquée à l’occasion des municipales où la seule liste en lice a été plébiscitée au premier tour : « Nous souhaitons ouvrir un point de rencontre. » L’endroit ferait office de bibliothèque, de point de retrait de colis, de petite épicerie, de café, de dépôt de pain… « Ce projet me tient à cœur… » Cette initiative pourrait profiter du programme « 1 000 cafés », à laquelle la commune a été une des premières à candidater.

Un seul numéro pour se connecter : le 09 72 160 960… de 18 h à 19 h ! 

La chansonnette

Ce nouveau rendez-vous quotidien à Saint-Martin-sur-caillon est propice à de belles surprises : il y a évidemment ces retrouvailles au détour d’un coup de fil… et puis il y a Guy Miniscloux.

Ce retraité s’est amusé à pousser la chansonnette lors d’une de ces conférences téléphoniques, avec des paroles de son cru et de circonstances. « Corona s’en ira et la vie reprendra ; pour l’instant, il faut rester chez toi (…) On s’en sortira comme toujours en France » », a entonné l’octogénaire avec un fort belle voix. Belle voix dont l’ancien travailleur social, aux faux airs du regretté Raymond Devos, faisait profiter ses amis lors du repas des aines en racontant de nombreux calembours verbaux.

B. D.

Source : https://www.lavoixdunord.fr/733458/article/2020-03-30/saint-martin-sur-ecaillon-18-h-chaque-jour-c-est-village-cafe?&pooolrelease